Regards sur quelques contextes littéraires où les mathématiques se conjuguent avec une touche d’humour.
Lewis Carroll, l’oxonien
Charles Lutwidge Dodgson (1832-1898) était oxonien, ayant enseigné de 1855 à 1881 les mathématiques et la logique à Christ Church, l’un des plus importants collèges de l’Université d’Oxford. Son œuvre mathématique est importante et comprend une dizaine d’ouvrages, dont Euclid and his Modern Rivals (1879), discussion mathématique sous forme de pièce de théâtre en quatre actes dans laquelle intervient entre autres personnages le fantôme d’Euclide (mathématicien grec du 3e siècle avant notre ère). S’appuyant sur une douzaine de manuels alors en vogue, Dodgson y développe une comparaison détaillée de l’enseignement « moderne » de la géométrie et du texte même d’Euclide tel que présenté dans ses Éléments, notamment en ce qui a trait au cinquième postulat euclidien à propos des parallèles. Il prend résolument position en faveur d’Euclide. Sans que les arguments de Dodgson aient été vus comme déterminants, son Euclid a été généralement bien reçu, entre autres parce que l’auteur y traite de belle manière, et sur un ton humoristique, un sujet mathématique d’intérêt.
C’est bien sûr surtout pour son œuvre littéraire que Charles Dodgson est connu, sous son nom de plume Lewis Carroll1. On y trouve une douzaine d’ouvrages, dont ses immortelles Aventures d’Alice au pays des merveilles (1865). On doit aussi à Dodgson plusieurs autres écrits, souvent reliés à sa vie universitaire et assaisonnés d’une forte dose d’humour. C’est le cas entre autres de sa lettre connue sous le nom Le don de la fondation Clarendon (1868) et publiée dans un recueil intitulé Faits, figures et fantaisies.
Diverses propositions avaient été présentées quant à l’utilisation du don fait par cette fondation à son collège, dont l’une à propos des besoins en physique. C’est en parodiant cette demande que Dodgson a rédigé une lettre fantaisiste où il propose la mise en place de moyens afin de soutenir la recherche en mathématiques. On en trouvera des extraits en encadré.
Le don de la fondation Clarendon
Mon cher Censeur2,
Au cours d’une conversation à bâtons rompus portant sur les menus du collège, vous m’avez en passant fait observer que la sauce tartare « quoique indispensable à l’accompagnement du turbot poché, n’était pas parfaitement digestible ».
Elle est parfaitement indigeste. Je n’en demande jamais qu’à contrecœur et n’en reprends jamais sans craindre des cauchemars. Ce qui m’amène tout naturellement à parler des mathématiques et des facilités qu’accorde l’université à ceux qui souhaitent se livrer aux opérations requises par cette branche essentielle de la Science.
Les membres de l’université étant invités (soit de vive voix, soit, ce qui est moins exaspérant, par lettre) à examiner le don que nous a fait la fondation Clarendon, ainsi que tout autre sujet d’intérêt humain ou inhumain susceptible d’être examiné, j’ai pensé soumettre à votre examen le point suivant: à savoir, les services qu’offriraient pour les opérations mathématiques des bâtiments couverts. En effet, le temps instable d’Oxford y rend fort malcommode l’exercice en plein air d’une activité sédentaire.
Par ailleurs, il est souvent impossible aux chercheurs d’effectuer des calculs mathématiques précis en des lieux [où ils sont] trop rapprochés [les uns des autres], du fait des interférences mutuelles et d’une tendance innée à bavarder. Ces activités requièrent par conséquent des salles différentes où les bavards impénitents—dont chaque branche de la société a son contingent— pourraient être installés à demeure avec soin.
Je me contenterai pour l’instant d’énumérer les besoins suivants. (…)
A. Une très grande salle permettant de calculer le plus grand commun diviseur. On pourrait y ajouter une seconde pièce pour le plus petit commun multiple, mais elle n’est pas indispensable.
B. Un terrain non bâti, pour y cultiver les racines et pratiquer leur extraction. Il serait prudent de conserver séparément les racines carrées, leurs angles risquant d’endommager les autres. (…)
E. Une étroite bande de terre, enclose et soigneusement aplanie, permettant d’étudier les propriétés des asymptotes et de vérifier en pratique si, oui ou non, des parallèles se rencontrent. À cette fin, la bande de terre devrait s’étendre, selon la belle expression d’Euclide, « à l’infini ».
L’expérience, ici décrite, consistant à « prolonger les parallèles à l’infini » exigera peut-être plusieurs siècles, voire davantage: une telle durée, considérable dans la vie d’un individu, n’est rien dans celle de l’université. (…)
Puis-je compter sur vous pour étudier d’urgence cette importante question?
Bien à vous,
MATHEMATICUS
Humour british à la sauce canadienne
Stephen Leacock (1869-1944) figure parmi les humoristes canadiens les plus célèbres. On le présente même comme l’humoriste de langue anglaise le plus connu au plan international au cours des années 1915-19253. D’origine britannique, Leacock est arrivé en Ontario avec sa famille à l’âge de six ans. Il a fait carrière de 1903 à 1936 à l’Université McGill, à Montréal, comme professeur en économie et sciences politiques — un des pavillons de l’université, construit au milieu des années 1960, porte aujourd’hui son nom.
L’ouvrage qui a lancé Leacock comme humoriste est son Literary Lapses, publié en 1910 à Montréal (et paru en français en 1963 sous le titre Histoires humoristiques). Un des textes qu’on y trouve s’intitule A, B et C ou l’élément humain en mathématiques. On y suit trois protagonistes, A, B et C, présentés comme les personnages types de l’intrigue souvent mise en place en vue de pourvoir un problème d’arithmétique d’une certaine dose de réalisme (!). Chacun a sa personnalité: « A est un gaillard sanguin et bruyant, au tempérament énergique, une tête brûlée avec de la volonté à revendre. » (p. 232)4 De son côté, « B est un garçon tranquille, facile à vivre, qui craint A et que A maltraite. En revanche il est la bonté même à l’égard du chétif petit C. » (p. 233) (On observera au passage que ces trois individus sont tous de sexe masculin, signe des temps sans doute — et aussi peut-être des activités dans lesquelles ils vont s’engager.)
De façon usuelle, A, B et C ont à exécuter « un certain travail ». Par exemple: « On emploie A, B et C à creuser un fossé. A creuse en une heure là où B doit creuser pendant deux heures et B creuse deux fois aussi vite que C. » Et le problème revient alors à déterminer « Combien de temps faudra-t-il, etc. » (p. 231) On reconnaît là le cadre typique d’une pléthore de bons vieux problèmes de règle de trois.
Au fil de la narration, Leacock fait intervenir un personnage auxiliaire, D, qui vient à l’occasion « prêter main-forte à A, B et C. » Mais D explique: « Maintenant, j’commence à être un peu trop vieux et raide pour ça, j’me contente de bricoler un peu par-ci, j’fais pousser un logarithme par-là, ou bien j’élève un commun dénominateur ou deux. Mais m’sieur Euclide continue de m’employer pour ses théorèmes. Eh oui! » (p. 235)
Finalement C tombe malade et doit s’aliter. Mais malheur: « On aurait encore pu sauver la vie de C si l’on ne s’était pas trompé sur le remède. Il se trouvait entre parenthèses, à la tête du lit. Et l’infirmière, accidentellement, l’enleva de la parenthèse en négligeant de changer de signe. Après cette erreur fatale, C, paraît-il, ne remonta plus la pente. » (p. 236)5
Traduttore, traditore
« Traduire, c’est trahir », veut l’adage italien — particulièrement pertinent quand il s’agit de textes humoristiques. Ainsi le texte original de Leacock concernant le déclin de C (voir ci-dessus) se lit comme suit:
C’s life might even then have been saved but they made a mistake about the medicine. It stood at the head of the bed on a bracket, and the nurse accidentally removed it from the bracket without changing the sign. After the fatal blunder C seems to have sunk rapidly.
Pas facile ici de rendre en français le jeu de mots reposant sur le double sens (en anglais) du terme « bracket »: signe de ponctuation et support mural.
La même remarque s’applique aux textes de Charles Dodgson. Ainsi dans l’édition récente des œuvres de Lewis Carroll publiée dans la Bibliothèque de la Pléiade (voir Pour en savoir plus !), on trouve de nombreuses notes dans lesquelles le traducteur explique le contexte derrière certains des jeux de mots de l’auteur et la manière dont ils ont été rendus en français.
Après le décès de C, A « finit par renoncer à son travail et s’établit en rentier sur le revenu du produit de ses paris. » (p. 238) (Il s’agit ici des paris qu’il a systématiquement gagnés dans ses nombreuses compétitions avec B et C.) Quant à B, autre rebondissement fantaisiste signé Leacock, « il abjura les mathématiques pour se consacrer à récrire l’Histoire du Robinson suisse en mots d’une seule syllabe. » (p. 238)
On doit à Leacock quelques autres écrits humoristiques à saveur mathématique, notamment un court texte résolument d’inspiration euclidienne, comme il était dans l’air du temps au début du 20e siècle (voir aussi à ce sujet les commentaires à propos de Dodgson plus haut). Dans l’encadré Géométrie des pensions de famille, on voit Leacock procéder à coups de définitions, axiomes et propositions, comme son auguste modèle grec. Il y fait même une distinction, à la Euclide, entre axiomes et postulats.
Dans la tradition euclidienne, en effet, les axiomes sont des notions fondamentales communes à toutes les sciences déductives (par exemple, à propos de l’égalité, « Les choses égales à une même chose sont aussi égales entre elles », c’est-à-dire la transitivité de l’égalité), tandis que les postulats portent sur une science particulière (par exemple, en géométrie, le fameux « cinquième postulat des parallèles »). La distinction entre axiome et postulat n’est aujourd’hui plus en usage en mathématiques.
Géométrie des pensions de famille
AXIOMES ET DÉFINITIONS
Toutes les pensions de famille sont la même pension de famille.
Les pensionnaires du même palier d’une même pension de famille sont égaux entre eux.
Une chambre « single » est ce qui ne peut se diviser et qui n’a pas de grandeur.
La patronne d’une pension de famille est un parallélogramme, c’est-à-dire une figure oblongue et angulaire, indescriptible, mais égale à n’importe quoi.
On appelle conflit le manque d’inclination réciproque de deux pensionnaires qui se rencontrent mais ne sont pas sur la même longueur d’onde.
Toutes les autres chambres étant occupées par ail- leurs, une chambre single est appelée chambre double.
POSTULATS ET PROPOSITIONS
Un hachis6 peut réapparaître un nombre de fois imprévisible.
La patronne peut être réduite à sa fonction minimale par une série de propositions.
On peut tracer une droite7 de n’importe quelle pension de famille à n’importe quelle autre pension de famille.
Les deux draps d’un lit de pension de famille, même si on les prolonge le plus loin possible des deux côtés, ne se rejoignent jamais.
La somme de deux repas pris dans une pension de famille ne sera jamais égale à deux repas entiers8.
Après quelques autres postulats, Leacock termine en démontrant une proposition affirmant que sous certaines conditions, les factures hebdomadaires de deux pensionnaires sont forcément égales. Son argument, qui procède par l’absurde, se lit comme suit:
Admettons l’une plus grande que l’autre.
On en tirera que l’autre est inférieure à ce qu’elle aurait pu être — ce qui est absurde. (pp. 21-23)9
Des axiomes pour la littérature
L’idée de présenter un certain contexte (aussi farfelu soit-il) dans un style axiomatique n’est bien sûr pas propre à Leacock. Et elle se retrouve à diverses époques. Ainsi, dans le cadre des travaux de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle),10 Raymond Queneau (1903-1976), membre de l’Académie Goncourt mais aussi auteur de recherches mathématiques originales en théorie des nombres, a signé le texte Les fondements de la littérature d’après David Hilbert (voir Pour en savoir plus!).
Sans aucun doute l’un des mathématiciens les plus importants de la première moitié du 20e siècle, David Hilbert (1862-1943) a exercé une grande influence dans de nombreux domaines des mathématiques, et notamment en géométrie. Il a en effet proposé en 1899 une reformulation des fondements axiomatiques de la géométrie euclidienne.
Il était bien connu que l’axiomatisation de la géométrie due à Euclide plus de deux millénaires auparavant n’était pas complètement rigoureuse, le mathématicien grec faisant parfois appel dans ses arguments à des principes non formulés explicitement. Hilbert a cherché à éliminer des tels appels à l’intuition et a proposé une série d’axiomes qu’il divise en cinq groupes: axiomes d’appartenance, d’ordre, de congruence, des parallèles et de continuité. Ainsi, parmi les axiomes d’appartenance se retrouvent les trois énoncés suivants11:
Il existe une droite liée à deux points donnés A et B à laquelle appartiennent ces deux points.
Il n’existe pas plus d’une droite à laquelle appartiennent deux points A et B.
Il n’existe pas plus d’un plan auquel appartiennent trois points non alignés A, B, C.
Sous la plume fantaisiste de Queneau, les mots « points », « droites » et « plans », qui renvoient aux trois « systèmes de choses »12 — non définies mais cernées par leurs propriétés — sur lesquels Hilbert appuie sa géométrie, sont remplacés respectivement par « mots », « phrases » et « paragraphes ». Les axiomes précédents, ainsi transposés en une loufoque axiomatique littéraire, deviennent alors:
Il existe une phrase comprenant deux mots donnés.
Il n’existe pas plus d’une phrase comprenant deux mots donnés.
Il n’existe pas plus d’un paragraphe comprenant trois mots n’appartenant pas tous à la même phrase.
Queneau reconnaît que la nature de certains de ces axiomes peut surprendre, comme par exemple le fait qu’il n’existe pas plus d’une phrase comprenant deux mots donnés. Mais il réplique, scholie à l’appui dans un esprit euclidien, en brodant sur l’exemple des mots « longtemps » et « couché », tirés de la fameuse phrase qui est l’incipit de À la recherche du temps perdu de Marcel Proust (1913): « Longtemps, je me suis couché de bonne heure », et en jouant sur des pseudo-phrases qu’on peut en tirer.
Jeux de mots numéraux à propos du zéro chez Devos… et Bobino
L’humoriste français Raymond Devos (1922- 2006) est connu comme un fin ciseleur de la langue, n’ayant pas son pareil pour jouer sur (et avec) les mots. De plus, ses monologues se distinguent par la bonne dose d’absurde qu’ils renferment souvent. On y trouve parfois des clins d’œil mathématiques, comme dans « Parler pour ne rien dire » (voir extraits en encadré), où l’arithmétique du zéro sert de toile de fond à des variantes linguistiques autour du mot « rien ».
On peut aussi penser, côté mathématique, à son monologue « Caen »13, dans lequel un voyageur s’informe de l’heure du car pour Caen. Prenant appui sur la toponymie française, Devos joue alors abondamment avec les homophones « Caen » et « quand », « Sète » et « sept » et « car » et « quart ». Une variante de ce monologue fait même intervenir les homophones « Troyes » et « trois » — ce qui n’est peut-être pas sans rappeler l’emploi de l’expression ln(3) pour désigner un personnage clé de la mythologie grecque…
Nous bouclons ces balades mathématico-humoristiques en allant du côté de la littérature pour enfants. Chaque génération de jeunes a eu ses émissions de télévision cultes. Pour les enfants qui ont connu les débuts de la télévision au Québec, ce fut sans contredit Bobino, qui a tenu l’affiche pendant près de trente ans, de 1957 à 1985. Tout comme il y a eu la « génération Passe-Partout », il y avait eu auparavant la « génération Bobino ».
Parler pour ne rien dire
Mesdames et messieurs…,
je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire.
(…)
Mais, me direz-vous, si on parle pour ne rien dire, de quoi allons-nous parler?
Eh bien, de rien! De rien!
Car rien… ce n’est pas rien!
La preuve, c’est que l’on peut le soustraire.
Exemple :
Rien moins rien = moins que rien!
Si l’on peut trouver moins que rien, c’est que rien vaut déjà quelque chose!
On peut acheter quelque chose avec rien!
En le multipliant!
Une fois rien…. c’est rien!
Deux fois rien…. ce n’est pas beaucoup!
Mais trois fois rien!… Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose… et pour pas cher!
Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien : Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait: rien de neuf!
Oui… Ce n’est pas de la peine d’en parler! Bon! Parlons d’autre chose!14
Les deux personnages principaux sont Bobino et sa petite sœur Bobinette, une marionnette. Dans un texte intitulé « Mademoiselle Fenouillard », on voit Bobino discuter avec une personne qu’il croit être l’institutrice de cette dernière. Or il s’agit en réalité de Bobinette elle-même, déguisée en Mademoiselle Fenouillard. Un des clous du dialogue qui en résulte prend appui sur la présence ou non du zéro parmi les nombres naturels (voir l’encadré Un comptage à la Bobinette).
Un comptage à la Bobinette
Bobino: Comment va notre élève?
Bobinette (déguisée en Mademoiselle Fenouillard): Oh! très bien! Cette petite Bobinette est vraiment une élève extraordinaire.
Bobino: Ah oui?
Bobinette: Je suis sûre qu’elle sera la zérotième de sa classe.
Bobino: Elle se… la zérotième?
Bobinette: Oui, oui, oui, la zérotième. Avant la deuxième, qu’est-ce qu’il y a? La première. Et avant la première, la zérotième. Elle travaille si bien qu’elle va dépasser la première, donc elle sera la zérotième de la classe.
Bobino: Ah! oui, oui, oui, oui, oui, oui, je comprends, oui. (En aparté, s’adressant aux enfants)
Mes tout-petits, je ne comprends rien du tout.15
Ce court extrait renvoie à un vieux dilemme de vocabulaire (et de notation), illustrant joliment la nuance que l’on peut pressentir entre les « nombres naturels de l’analyste » et les « nombres naturels de l’algébriste ». Dans le premier cas, on considère que l’ensemble \(\mathbb{N}\) des naturels est formé des entiers positifs, et donc \(\mathbb{N} = \{1, 2, 3, \ldots\}.\) Il s’agit des nombres qui servent pour le comptage16. À noter que c’est cette vision que l’on retrouve dans les formalisations du concept de nombres naturels mises de l’avant par les mathématiciens Richard Dedekind (1888) et Giuseppe Peano (1889). (Voir la Section problèmes et Pour en savoir plus!)
Pour un algébriste, le nombre 0 joue un rôle fondamental à titre d’élément neutre additif. Si on veut parler de l’ensemble des nombres naturels en tant que structure mathématique, dotée notamment d’une opération d’addition, la présence du zéro est alors essentielle. Dans cette optique, on pose donc \(\mathbb{N} = \{0, 1, 2, 3, \ldots \}\) – c’est-à-dire les entiers non négatifs. Il ne s’agit plus simplement de compter, mais aussi d’opérer au sein de ces nombres. D’où ce « zérotième » rang de Bobinette peut-être un peu étrange…
On observera que lorsqu’on présente aujourd’hui les axiomes proposés par Peano pour la formalisation des nombres naturels, il est d’usage de partir de 0.
Pour en s\(\alpha\)voir plus !
- La version française du texte « Le don de la fondation Clarendon » est tirée (pp. 1365-1366) de Lewis Carroll, Œuvres. (Bibliothèque de la Pléiade) Gallimard, 1990.
(Les ajouts entre crochets sont inspirés de: Henri Parisot, dir., Lewis Carroll, L’Herne, 1971, p. 284.)
Le texte original anglais « The offer of the Clarendon Trustees », daté du 6 février 1868, est accessible à l’url https://en.wikisource.org/wiki/Facts,_Figures,_and_Fancies/The_Offer_of_the_Clarendon_Trustees - La version originale de Literary Lapses de Stephen Leacock, parue en 1910 (Gazette Printing Company, Montréal), est accessible à l’url
https://gutenberg.ca/ebooks/leacock-literary/leacock-literary-00-h-dir/leacock-literary-00-h.html
Ce livre, paru en français pour la première fois en 1963, a connu une traduction revue et corrigée: Stephen Leacock, Panique à la banque et autres dérapages littéraires. Éditions Payot & Rivages, 2008. - Le texte de Raymond Queneau Les fondements de la littérature d’après David Hilbert porte le no 3 de la Bibliothèque Oulipienne. Il est reproduit dans
Oulipo, La Bibliothèque Oulipienne, vol. 1 (pp. 35-48). Éditions Ramsay, 1987.
Parus en 1899, les Grundlagen der Geometrie de David Hilbert ont fait l’objet de quatorze éditions, dont sept du vivant de l’auteur. La version française définitive est la suivante:
David Hilbert, Les fondements de la géométrie. Dunod, 1971.
Voir aussi https://fr.wikipedia.org/wiki/Axiomes_de_Hilbert - De nombreux monologues de Raymond Devos sont accessibles sur YouTube — notamment celui intitulé « Caen » (avec l’addition du passage sur Troyes) à l’url
https://www.youtube.com/watch?v=fpdNO2gferk - Le disque Bobino et Bobinette (vol. 1), d’où est tiré l’extrait cité dans l’article, est accessible sur YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=LXPRWO8Qccs
(voix de Guy Sanche et de Paule Bayard). La deuxième plage, « Mademoiselle Fenouillard », commence à environ 6 minutes, l’extrait utilisé dans l’article se trouvant approximativement à 9 minutes. - Richard Dedekind (1831-1916) a publié en 1872 Stetigkeit und irrationale Zahlen (Continuité et nombres irrationnels), un traité dans lequel il présente sa fameuse construction des nombres réels maintenant connue sous le vocable « coupures de Dedekind ». En 1888, il publie le texte Was sind und was sollen die Zahlen? (ce qui peut se traduire par Les nombres: que sont-ils et à quoi servent-ils? ou encore Que sont les nombres et que devraient-ils être?) — disponible sur Google Livres —, dans lequel il introduit les nombres naturels de manière axiomatique.
En 1889, Giuseppe Peano (1858-1932) fait paraître (en latin) son texte Arithmetices principia: nova methodo exposita (Les principes de l’arithmétique, exposés selon une nouvelle méthode) — aussi disponible sur Google Livres. Il y présente un ensemble d’axiomes pour les nombres naturels équivalents à ceux de Dedekind, mais plus simples. Les axiomes de Peano sont devenus la norme aujourd’hui quand il s’agit de voir axiomatiquement les nombres naturels. Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Axiomes_de_Peano
- Dodgson a forgé ce nom de plume en latinisant ses prénoms « Charles Lutwidge », obtenant ainsi les deux noms « Carolus Ludovicus », qu’il a ensuite inversés et ramenés à l’anglais. (https://www.britannica.com/biography/ Lewis-Carroll/The-riddle-of-Lewis-Carroll) ↩
- Titre de l’un des administrateurs du collège Christ Church. ↩
- L’Encyclopédie canadienne (https://thecanadianencyclopedia.ca/fr/ article/stephen-leacock). ↩
- Les numéros de page renvoient au livre suivant: Stephen Leacock, Panique à la banque et autres dérapages littéraires. Éditions Payot & Rivages, 2008. ↩
- Pour quelques commentaires sur les difficultés de la traduction d’un texte humoristique à la Leacock, voir l’encadré Traduttore, traditore. ↩
- Texte original anglais: a pie (qu’on peut peut-être lire « a \(\pi\) »…). ↩
- Texte original anglais: bee-line, c’est-à-dire l’idée de déplacement direct, à vol d’oiseau. ↩
- Texte original anglais: Any two meals at a boarding-house are together less than two square meals, c’est- à-dire deux repas honnêtes, satisfaisants. ↩
- Les numéros de page renvoient au livre suivant: Stephen Leacock, Panique à la banque et autres dérapages littéraires. Éditions Payot & Rivages, 2008. ↩
- À propos de l’Oulipo, voir mes Glanures I et III (Accromath, hiver-printemps 2016 et 2017). ↩
- David Hilbert, Les fondements de la géométrie. Dunod, 1971, p. 12. ↩
- Ibid., p. 11. ↩
- Ibid., pp. 393-395. ↩
- Raymond Devos, « Parler pour ne rien dire. » Matière à rire: L’intégrale. Librairie Plon, 1993, pp. 272-273. ↩
- Tiré de « Mademoiselle Fenouillard », texte de Michel Cailloux. Bobino et Bobinette, vol. 1, face 1, plage 2. Montréal, Disques Select M-298.067, 1964. ↩
- Couramment appelés counting numbers en anglais. ↩